ALAIN MIMOUN

Beaucoup disent qu’il aurait été le plus grand coureur de demi-fond et de font de l’après-guerre s’il n’avait pas eu l’infortune de tomber sur un géant le Tchécoslovaque Emil Zatopek dit la « locomotive ». Alain Mimoun, né Ali Mimoun Ould Kacha né le 1er janvier 1921 n’en a jamais tenu rigueur au Tchécoslovaque, au contraire, toute leur vie il furent des amis très proches. Il est l’aîné d’une fratrie de sept enfants issue d’une famille de modestes agriculteurs : le père est saisonnier agricole et sa mère Halima tisse des couvertures pour gagner sa vie. Il désire devenir instituteur…et devient militaire dans le 6eme régiment de tirailleurs algériens dès le début de 1939.

C’est au sein de son régiment qu’il découvre la course à pied et décide de s’entrainer mais malgré les premiers succès il n’échappe pas à la guerre et aux nombreuses campagnes qui le mène jusqu’en janvier 1944 sur le mont Cassin en Italie où gravement blessé il évite de très peu l’amputation. Démobilisé en 1946 il devient garçon de café à la Croix Catelan le fief du Racing Club de France. C’est le début d’une incroyable carrière qui concrétise des qualités innées pour les épreuves d’endurance. Dès 1948, pratiquement inconnu au niveau international il va remporter la médaille d’argent du 10000 m des Jeux Olympiques de Londres en 1948…derrière Zatopek. Même classement sur 5000 m et 10000 m aux championnats d’Europe de Bruxelles en 1950…derrière Zatopek et même punition aux Jeux Olympiques d’Helsinki en 1952.

Il se « venge » en gagnant à quatre reprises l’international de cross-country, précurseur du mondial de la discipline (1949, 1952, 1954 et 1956). Surtout il se distingue aux Jeux Méditerranéens en 1951 à Alexandrie et en 1955 à Barcelone en réalisant à deux reprises le doublé 5000m-10000m. Au début de 1956, il détient conjointement les huit records de France des 2 miles, 3 miles, 5 000 m, 6 miles, 10 000 m, 15 000 m, 20 km et de l’heure. Pourtant Alain n’a pas atteint le graal pour un athlète : le titre olympique. Il a décidé, à Melbourne en 1956, de se lancer sur une distance qu’il n’a jamais abordé durant sa carrière : le marathon. Tout le monde le prend pour un fou et durant des mois il se prépare physiquement, mentalement mais aussi son matériel. Les chaussettes, les chaussures, les maillots avec des conditions atmosphériques différentes. Et le néophyte devient champion olympique du marathon le 1er décembre.

Après sa victoire de 1956, il déclare : « Je compare ma carrière à un château : ma médaille d’argent de Londres, ce sont les fondations ; mes 2 médailles d’Helsinki, ce sont les murs ; ma médaille d’or de Melbourne, c’est le toit. » Durant sa carrière il va remporter 32 titres de champion de France dans différentes distances à savoir 8 titres sur 5000 m  (1947, 1949, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955 et 1956). 12 titres sur 10000 m (1947, 1949, 1950, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955, 1956, 1957, 1958 et 1959). 6 titres sur le marathon (1958, 1959, 1960, 1964, 1965 et 1966) et 6 titres en cross-country (1950, 1951, 1952, 1954, 1956 et 1959). Il remporte son dernier titre national à 45 ans sur le marathon. Il a porté à 86 reprises le maillot tricolore dans des compétitions internationales.