NOURIA MERAH-BENIDA

Le proverbe jamais deux sans trois n’a jamais été aussi vrai qu’à Sydney lors des Jeux Olympiques de Sydney en 2000. En effet après le titre olympique d’Hassiba Boulmerka à Barcelone en 1992, celui de Noureddine Morceli à Atlanta en 1996, la frêle Nouria Merah-Benida a imité ses glorieux ainés en devenant championne olympique en Australie. A croire que le 1500 m est devenu une chasse gardée de l’Algérie.

Pourtant personne n’attendait vraiment Nouria pour le titre olympique car ses chronos ne lui donnaient pas une position de favorite. Avant la course on attend plutôt la championne olympique sortante la Russe Svetlana Masterkova les Roumaines Violeta Szekely ou encore Gabriela Szabo qui, quelques jours auparavant avait remporté le titre olympique du 5000 m. Pour preuve que Nouria est encore dans l’ombre du monde de l’athlétisme mondial c’est le Who’s Who de l’athlétisme mondial ne comporte que six petites lignes à son nom alors que les meilleurs athlètes ont droit à au moins une demi-page. La petite algérienne qui s’entraine au club d’athlétisme de Saint Etienne, a déjà 30 ans à son arrivée en Australie et elle approche la fin de carrière.

Originaire de la commune de Si Mustapha dans la Wilaya de Boumerdès en Kabylie la petite athlète de 1,62 m pour 54 kg a pourtant déjà participé au 800 m des Jeux Olympique d’Atlanta en 1996 mais n’a pas dépassé le stade des série avec un temps de 2’2’’44. Pourtant l’année suivante, à Bari, en Italie, elle s’impose sur 1500 m des Jeux Méditerranéens, dans le temps il est vrai quelconque de 4’11’’27. Aux championnats du monde d’Athènes, en septembre, elle est 11e sur 800 m et 29e sur 1500 m. Aux championnats en salle à Maebashi au Japon en 1999 elle est 10e sur 800 m quelques mois plus tard au mondial de Séville elle est 19e du 1500 m.

Aux Jeux africains de Johannesbourg, en Afrique du Sud, en 1999 elle est double médaille d’argent sur 800 m et 1500 m. Ce sont certes de belles victoires, des places encourageantes mais de la croire à un succès aux Jeux Olympiques il y a un fossé que personne n’ose franchir. Pourtant elle a des records 1’58’’69 sur 800 m et 3’59’’12 sur 1500 elle a pourtant des arguments. Elle passe facilement les séries (4’10’’24) puis les demi-finales (4’5’’24) puis place à la finale.

Une course où personne ne désire prendre la responsabilité du train qui pendant les trois-quarts de la course évolue à un train de sénateur, ce qui implique un dernier tour sur les chapeaux-de-roue. N’importe qui peut gagner. Nouria lance l’assaut à l’entrée de la dernière ligne droite et prend plusieurs mètres d’avance. Elle y croit, serre les dents, les autres reviennent à vive allure. L’Algérienne (4’05’’10) garde cinq centièmes d’avance sur Violeta Szekely (4’05’’15) et Gabriela Szabo (4’05’’27). Exceptionnel. Mais dès l’année suivante Nouria revient à l’ordinaire : 24e du 1500 m à Edmonton en 2001, abandon aux Jeux d’Athènes en 2004. Ambassadrice de l’ONG Monégasque Peace and Sport se bat au quotidien pour les droits des femmes dans son pays comme le fut par le passé Hassiba Boulmerka.